Une plus forte prévalence et un faible contrôle de l'hypertension artérielle ont été observés dans les populations à faible niveau socio-économique. Le lien causal entre les facteurs socio-économiques et l'hypertension est complexe. Quel est l'impact d'une bonne couverture médicale comparé à d'autres déterminants de santé ? L'objectif de cette étude est de décrire la prévalence et la prise en charge de l'hypertension artérielle dans une population précaire, avec cependant une bonne couverture sociale et un bon accès au système de santé. Il s'agit d'une étude transversale qui a inclus consécutivement 2 420 personnes considérées comme « précaires»: les RMistes, les chômeurs, ou ceux vivant exclusivement des prestations sociales et familiales et vues en bilan de santé dans les deux centres d'examen de santé de Guadeloupe, de novembre 2001 à novembre 2003. La mesure de la PA consiste en 3 mesures consécutives avec un appareil automatique validé (recontrôle à un mois, si PA > 140/90 mmHg). L'HTA a été définie comme la présence soit d'un traitement anti-hypertenseur, soit d'une PA supérieure ou égale à 140/90 mmHg aux deux visites. Un total de 1 088 hommes âgés de 42 ± 10,6 ans et 1 332 femmes âgées de 40 ± 11 ans ont été inclus. La prévalence de l'hypertension était de 25,2 % chez les hommes et de 22,1 % chez les femmes, alors que la connaissance de cette hypertension était connue chez 40,2 % des hommes et chez 73 % des femmes. La pression artérielle est contrôlée (< 140/90 mmHg) sous traitement chez 19 % des hommes et chez 37,2 % des femmes. Parmi les femmes, 58 % étaient en surpoids et pour l'ensemble de la population féminine on note 29 % d'obésité. Faciliter l'accès aux soins primaires, au dépistage, et limiter l'obstacle financier, (Couverture maladie universelle [CMU]), sont des prérequis, pour la prise en charge de l'HTA, mais il persiste une disparité selon le niveau socio-économique. En effet, le pourcentage de patients dont la pression artérielle (PA) est « normalisée » sous traitement est significativement plus faible dans la population précaire, comparée à la population des travailleurs aux Antilles et en métropole, malgré un dépistage et la mise sous traitement qui diffèrent peu selon le niveau socio-économique.