Les fausses couches spontanées répétées concernent plus de 1 % des couples désirant un enfant, mais les examens à la recherche d'une étiologie et les traitements à proposer ne sont pas consensuels. Plusieurs facteurs de risque sont actuellement connus et souvent intriqués. Le bilan à proposer chez ces couples comporte au minimum un caryotype parental, une hystéroscopie à la recherche de malformations utérines et la recherche de facteurs biologiques de thrombophilie (anticorps anticardiolipides, anticoagulant circulant, protéine C, protéine S, résistance à la protéine C activée, mutations du facteur V Leiden et du facteur II) et de facteurs antinucléaires. L'interrogatoire et l'examen clinique doivent rechercher des signes de maladies de système ou endocriniennes (dysthyroïdie, diabète). Aucun dosage hormonal n'est recommandé, sauf s'il existe des troubles du cycle menstruel ou une stérilité associée. Les voies de recherche concernent les biais d'inactivation de l'X, le typage HLA, l'étude des médiateurs de l'inflammation et de l'immunité. Les possibilités thérapeutiques sont le diagnostic préimplantatoire en cas d'anomalie du caryotype parental, la résection des cloisons et synéchies utérines, l'association aspirine plus héparine dans le syndrome des antiphospholipides, et l'aspirine associée à une corticothérapie dans les maladies de système comme le lupus. L'héparine semble apporter un bénéfice, notamment chez les patientes ayant des facteurs biologiques de thrombose, mais les études sont encore peu nombreuses. Cette nouvelle approche thérapeutique justifie à notre avis d'adresser les couples dont le bilan est négatif dans des consultations spécialisées, pour les inclure éventuellement dans des essais cliniques. Enfin, l'écoute empathique de ces couples et le soutien psychologique sont indispensables dans une pathologie où la cause réelle de l'arrêt de grossesse est probablement souvent multifactorielle.