• La répartition du paludisme à Madagascar est caractérisée par son hétérogénéité, du fait des variations climatiques et géographiques marquées dans l'île. La capitale, Antananarivo, regroupe plus d'un million d'habitants entre 1 250 et 1 470 m d'altitude, dans une zone où la transmission est irrégulière, mais le paludisme peut parfois sévir par vagues épidémiques meurtrières. De nombreux cas de paludisme sont déclarés dans la capitale sans confirmation biologique, et des données fiables sur l'existence d'une transmission urbaine font défaut. C'est pourquoi l'Institut Pasteur de Madagascar et le Ministère de la Santé de Madagascar ont réalisé en 2003 une étude sur la transmission palustre dans la Communauté Urbaine d'Antananarivo. Une enquête de prévalence du paludisme parmi les syndromes fébriles, réalisée dans 43 dispensaires urbains, a montré que les cas de paludisme confirmés ne représentaient que 2 % des cas de fièvre inclus dans l'étude (15 cas sur 779 syndromes fébriles). La majorité était importée des zones côtières (13 cas sur 15), où la transmission est pérenne. Cependant, une transmission urbaine autochtone a été constatée chez 2 des consultants et 5 autres sujets identifiés lors d'une enquête de proximité. Les vecteurs Anophèles arabiensis et Anopheles funestus ont été retrouvés dans les maisons des malades, toutes situées à proximité de rizières. L'analyse génétique des souches de Plasmodium falciparum a permis de distinguer trois génotypes, agrégés par groupe d'habitation. L'analyse du polymorphisme des génomes parasitaires prouve son intérêt dans le cadre de la surveillance du risque épidémique dans une zone de paludisme instable, où la population citadine ne présente pas de prémunition.