IntroductionLa dacarbazine (DTIC), chimiothérapie de référence dans le mélanome métastatique sans localisation cérébrale, est habituellement bien tolérée. L’effet secondaire le plus sévère, décrit dans la littérature, est le syndrome d’hypersensibilité, avec atteinte hépatique pouvant conduire au décès du malade.Malades et méthodesIl s’agissait d’une étude rétrospective de la prévalence des manifestations d’hypersensibilité parmi les malades traités par DTIC pour un mélanome métastatique entre le 01/11/2002 au 31/10/2003. Le diagnostic d’hypersensibilité était posé devant l’apparition au décours d’une cure d’une fièvre associée à une hyperéosinophilie (> 500/mm3), avec ou sans perturbations du bilan hépatique (enzymes hépatiques supérieures à deux fois le taux préthérapeutique). Les caractéristiques cliniques des manifestations d’hypersensibilité, les modalités d’administration du DTIC, le nombre de cures et la tolérance clinique et biologique ont été étudiés.RésultatsVingt malades ont été traités par DTIC dont 11 femmes et 9 hommes, d’âge moyen 58,6 ans (22-82 ans). Les métastases étaient multiples chez tous les malades. Le DTIC a été administré en première intention chez 19 malades, en 4 jours chez 10 malades et en une journée chez les 10 autres, selon leur état général. Cinq malades ont eu des manifestations d’hypersensibilité et dans tous ces cas le DTIC avait été administré sur 4 jours. Pour 3 malades, cette hypersensibilité s’est manifestée par une fièvre et une hyperéosinophilie avec un bilan hépatique normal, à J3 de la deuxième cure. Pour 2 patients, le traitement a été arrêté pour inefficacité après ces 2 cures. Pour le troisième, 4 cures ont été réalisées avec une récidive des symptômes, qui ont été contrôlés lors de la cinquième cure par corticoïdes et antihistaminiques, administrés 15 minutes avant le début du traitement. Deux malades ont eu une atteinte majeure (mettant en jeu le pronostic vital) avec fièvre, hyperéosinophilie, atteinte hépatique (cytolyse et cholestase), puis aplasie médullaire retardée, dès la première cure pour l’un et à la deuxième pour l’autre. Un myélogramme a été réalisé chez un malade mettant en évidence un blocage médullaire au stade de promyélocytes en faveur d’une étiologie iatrogène. Le traitement par DTIC a été arrêté. L’ensemble des manifestations a régressé sous traitement symptomatique.DiscussionLes manifestations d’hypersensibilité au cours du traitement par DTIC ne semblent pas rares puisqu’elles ont été observées chez 20 % de nos malades. Leur apparition semble indépendante de la dose journalière et précoce (au cours des deux premières cures). Pour la première fois, nous décrivons 2 cas d’aplasie médullaire, associ...