Objectif. –Étude rétrospective effectuée dans le but de réévaluer les indications de la radiothérapie cervicale postopératoire dans les carcinomes épidermoïdes laryngés classés N0 après chirurgie macroscopiquement complète.Patients et méthodes. –Cent soixante-six patients (161 hommes et 5 femmes) atteints d'un carcinome épidermoïde du larynx T2–T4 N0, pT2–pT4 pN0 ont été traités entre janvier 1975 et décembre 2000 par laryngectomie totale plus ou moins curage ganglionnaire. La chirurgie a été complétée par une radiothérapie externe systématique délivrant 45 à 65 Gy dans le lit tumoral et 45 à 50 Gy dans les aires ganglionnaires. Le suivi a été au minimum de 36 mois (durée médiane de suivi : 98 mois).Résultats. –Le taux de rechutes ganglionnaires observé était de 6 % avec un délai médian de rechute de neuf mois. Les taux de survie à un, deux, trois et cinq ans étaient respectivement de 93,5, 84, 80 et 69 %, avec une durée médiane de survie de huit ans et trois mois. L'analyse unifactorielle a montré quatre situations à risque statistiquement significatif de rechute locorégionale : la nécessité d'une trachéotomie d'emblée pour compression, l'envahissement sous-glottique, l'envahissement des trois étages laryngés, la présence d'emboles lymphatiques. Aucune différence significative n'a été retrouvée entre les patients ayant eu un curage et ceux n'ayant pas eu de curage. Un second cancer a été observé chez 59 patients (37 %). Quinze de ces cancers étaient situés dans la sphère ORL. Les complications tardives étaient représentées par une fibrose cervicale (7 %), une sténose œsophagienne (4 %), une fistule œsotrachéale (l %), une hypothyroïdie (3 %), une ostéoradionécrose (1 %).Conclusion. –La radiothérapie cervicale prophylactique dans les cancers du larynx opérés s'accompagne d'un taux de rechute ganglionnaire de 6 %. Ce taux est celui qui pourrait constituer le plafond maximum fixé pour toute autre stratégie thérapeutique fondée sur des restrictions d'indications pour la radiothérapie.