Les cancers de l'enfant de moins de 15 ans représentent près de 2000 nouveaux cas par an ; leur évolution est souvent favorable puisqu'on estime actuellement que trois enfants cancéreux sur quatre vont être guéris. Cependant la gonade, et en particulier le testicule, est très vulnérable à la radiothérapie, ainsi qu'aux agents alkylants. Si l'on peut proposer sans difficulté aux jeunes adultes de cryoconserver du sperme avant mise en route du traitement stérilisant, la période 14–17 ans peut être considérée comme une phase critique, certains enfants n'étant pas suffisamment avancés dans la puberté. Aussi, les échecs de recueil sont-ils fréquents et la qualité du sperme parfois médiocre. Chez les garçons qui n'ont pas encore atteint l'âge de la puberté, la seule solution potentielle consiste à prélever et cryoconserver du tissu testiculaire. La transplantation de tissu germinal a été effectuée pour la première fois en 1994 ; les souris receveuses ont produit des spermatozoïdes dérivés des spermatogonies des souris donneuses, et ont pu se reproduire in vivo. Ce n'est cependant qu'en 2003 que des naissances ont été obtenues chez la souris après transplantation de spermatogonies souches ayant subi la cryoconservation. De nombreux problèmes demeurent, chez l'animal et a fortiori chez l'homme : l'enrichissement de la préparation en cellules souches, les protocoles de congélation–décongélation, la procédure de transplantation, et les risques sanitaires qui s'y rapportent, en particulier celui de la réintroduction possible de cellules cancéreuses. Le passage par une xénogreffe, ou directement la culture et maturation in vitro des cellules germinales après décongélation du tissu testiculaire, pourrait représenter une alternative permettant d'obtenir des spermatozoïdes, tout en évitant ce risque de greffe de cellules malignes. Cependant, une spermatogenèse in vitro complète n'a toujours pas pu être réalisée, et cela dans aucune espèce.