Dosage urinaire de la cotinine et des métabolites de la nicotine
Auteurs : Jacob N1, Berny C, Boyer JC, Capolaghi B, de L'Homme G, Desch G, Garelik D, Houdret N, Le Moel G, Moulsma M, Plantin-Carrenard EObjectifs: Selon la Circulaire DGS/DH du 3 avril 2000, l'évaluation de la dépendance des fumeurs doit systématiquement inclure, en plus des questionnaires, le dosage des métabolites urinaires de la nicotine parallèlement à la détermination du taux de monoxyde de carbone dans l'air expiré. Les différentes méthodes d'analyse ont donc été étudiées afin de préciser leurs performances et leur domaine d'application en pratique clinique. Matériel et méthodes: Une centaine d'échantillons d'urine provenant de fumeurs actifs ou abstinents a été analysée par les diverses méthodes. La cotinine urinaire libre, catabolite majeur de la nicotine, a été mesurée chez ces sujets par CLHP-UV selon un protocole consensuel (Ann Biol Clin 2002; 60: 263-72) mis en oeuvre dans six laboratoires. Les performances des techniques immunologiques ont également été étudiées, les résultats étant comparés au dosage de la cotinine par CLHP-UV. Résultats: Protocole consensuel CLHP-UV: la cotininurie varie entre non détectable et 4 mg/L dans le groupe de sujets étudiés. La comparaison interlaboratoires montre une bonne transférabilité des résultats d'un site à l'autre (protocole Valtec). L'élimination urinaire de la cotinine libre n'est que peu influencée par les apports hydriques, la corrélation entre la cotininurie et la créatininurie étant seulement à la limite de la significativité (r = 0,23; p = 0,05). Immunodosage en phase homogène: La trousse Cotinine® commercialisée par Thermo Electron® et la trousse Cotinine Enzyme Immunoassay® commercialisée par Microgenics® ont été testées. Les deux techniques sont hautement corrélées (r = 0,97), mais la corrélation avec la mesure de la cotinine libre par CLHP-UV est moins bonne (r = 0,86). Les concentrations sont supérieures à celles obtenues en CLHP-UV, les anticorps réagissant partiellement avec la 3-hydroxycotinine. De plus, le rapport des concentrations obtenues par ces deux types de méthodes varie selon les échantillons. Enfin, les valeurs obtenues par ces méthodes montrent une corrélation significative avec la créatininurie (r=0,40; p = 0,001). Immunodosage en phase hétérogène: la trousse Métabolites de la nicotine® (DPC France®) a été mise en oeuvre sur l'analyseur Immulite avec une adaptation élaborée dans l'un des laboratoires pour un dosage urinaire. Les concentrations obtenues sont plus élevées que celles observées sur les mêmes échantillons avec les techniques en phase homogène, les anticorps révélant un spectre très large de métabolites. Conclusion: Le protocole consensuel CLHP-UV est la méthode recommandée pour le dosage de la cotinine urinaire, la transférabilité interlaboratoires étant démontrée. La limite de détection basse de cette méthode la rend compatible avec le diagnostic du tabagisme passif. Les techniques immunologiques, faciles à mettre en oeuvre, s'avèrent très utiles pour suivre l'arrêt de la consommation de tabac. Les valeurs seuils doivent être précisées selon qu'il s'agit d'un immunodosage en phase homogème ou en phase hétérogène. La technique d'immunodosage en phase hétérogène pourrait présenter un intérêt dans le diagnostic du tabagisme passif.