ContexteLa buprénorphine à haut dosage (BHD) a été mise sur le marché en France en 1996 selon des modalités de prescription peu contraignantes. La poursuite des pratiques d’injection d’héroïne chez les patients substitués, voire l’injection de la BHD, sont des phénomènes qui sont restés longtemps sous-estimés et qui peuvent être à l’origine d’infections.ObjectifsDescription des complications infectieuses survenant chez les sujets substitués par BHD.MéthodesÉtude rétrospective incluant les patients toxicomanes substitués par BHD s’injectant ou hautement suspects de s’injecter la BHD, hospitalisés pour prise en charge d’une infection (hors VIH et hépatites virales) dans le service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Nancy. La période de recueil des données s’est étendue de 1998 à 2003.RésultatsAu total, 21 dossiers ont été retenus dont 9 endocardites infectieuses, 8 abcès cutanés, 2 infections ostéo-articulaires, 1 méningite et 1 rétinite àCandida. Lesex ratioétait de 1 femme pour 2 hommes, la moyenne d’âge de 29,8 ans. Au total, dans cette série, 13 patients ont eu une infection systémique. Concernant la responsabilité potentielle de la BHD dans l’émergence de ces infections, dans 9 cas les patients reconnaissaient qu’il s’agissait du seul produit injecté (incluant le cas de candidose rétinienne). Par contre, dans les 12 autres cas, les patients poursuivaient leurs injections d’héroïne ; bien que la responsabilité du mésusage de la BHD soit fortement suspectée dans la genèse de ces 12 infections, elle ne peut être définitivement affirmée. L’évolution a été favorable pour tous les patients sur le plan somatique. Le devenir psychosocial à long terme reste méconnu.ConclusionLes dossiers cliniques rapportés ici illustrent la double réalité de l’inefficacité potentielle de la prescription de la BHD sur le plan de la substitution, certains patients ayant toujours recours aux injections d’héroïne, et des conséquences infectieuses potentielles du mésusage de la BHD. Le bilan de la substitution par BHD est mitigé. Le rapport bénéfices-risques sur le plan individuel doit être amélioré. Le travail en réseau est primordial, en particulier le binôme “médecin-pharmacien”. En parallèle, le dispositif de surveillance doit être renforcé.