ContexteLe traitement de la dépendance aux opiacés, et notamment à l’héroïne par la buprénorphine haut dosage (BHD), est aujourd’hui très répandu en France. Même si ce traitement a été d’un apport considérable, certains problèmes demeurent. En effet, un nombre certain (de 17 à 47 %) de patients utilisent la BHD de façon détournée, que ce soit par voie intraveineuse ou par inhalation. Ceci n’est pas sans causer des problèmes de santé publique – les injecteurs apparaissent comme étant plus souvent porteurs du virus de l’hépatite C – voire de compromettre l’efficacité de ce traitement.MéthodeNotre étude s’est proposée de comparer un échantillon de 26 patients s’injectant la BHDversus27 sujets sous traitementper os.RésultatsIl n’existait pas plus de pathologies psychiatriques dans la population des injecteurs de BHD que dans la population des non-injecteurs. En revanche, les patients injecteurs consommaient plus de produits illicites, plus de benzodiazépines et plus d’alcool.DiscussionMalgré leur grande efficacité, les traitements de substitution ne parviendraient pas à soulager un certain nombre de patients. L’injection de BHD traduirait la recherche d’un équilibre précaire : la déstabilisation cinétique induite par l’injection aurait pour but l’augmentation de l’effet opiacé ; la consommation d’autres psychotropes licites et illicites indique une tentative supplémentaire d’apaisement d’une phénoménologie psychique persistante et inconfortable, au-delà de l’établissement d’un traitement de substitution et même du détournement. La réalité de ce déséquilibre psychologique ressenti, induit ou préexistant à la consommation d’héroïne, oblige à repenser le traitement dans son ensemble. Des études ultérieures devraient permettre d’identifier ce trouble qui amène ces patients vers l’issue de l’injection.