Objectif. –La stimulation ovarienne, recours habituel de l'assistance médicale à la procréation (AMP), a été mise en cause dans la genèse des tumeurs ovariennes. Chez les patientes atteintes d'une tumeur ovarienne à la limite de la malignité ou invasive, traitées par chirurgie conservatrice et désirant une grossesse, le problème se pose d'un éventuel recours à l'AMP. L'objectif de cette étude est d'évaluer l'efficacité et les risques liés à l'AMP dans cette population.Patientes et méthodes. –Cette étude est multicentrique, nationale et rétrospective. Quarante patientes opérées entre janvier 1971 et janvier 2001 ont été incluses. Vingt-sept patientes (67,5 %) avaient présenté une tumeur ovarienne à la limite de la malignité (TOLM), dix (25 %) une tumeur non épithéliale (germinale ou du mésenchyme ou des cordons sexuels) et trois (7,5 %) un cancer épithélial invasif. Toutes ces patientes avaient bénéficié d'un traitement chirurgical préservant leur fertilité. L'AMP consistait en une stimulation simple pour cinq femmes et une procédure de type fécondation in vitro (FIV) pour les 35 autres. L'efficacité et les risques de l'AMP ont été respectivement évalués par le nombre de grossesses obtenues et le taux de récidive tumorale.Résultats. –Avec un recul global de 372 mois (de janvier 1971, date de la première intervention à juin 2002, clôture de l'étude), 17 patientes ont obtenu 17 grossesses grâce à l'AMP, soit un taux de 42,5 % (17/40). Ces 17 grossesses associent une fausse couche spontanée et 16 accouchements pour 23 enfants (deux grossesses triples et trois grossesses gémellaires) dont un grand prématuré. Trois patientes traitées initialement pour une TOLM ont récidivé après AMP. Aucune de ces 40 patientes ne présentait de maladie évolutive aux dernières nouvelles recueillies. Les patientes ayant récidivé avaient un délai d'entrée en AMP significativement inférieur à celui des patientes n'ayant pas récidivé.Discussion et conclusion. –L'AMP chez des patientes ayant un antécédent de tumeur non bénigne de l'ovaire, et infertiles malgré un traitement chirurgical conservateur, a permis à 42,5 % de ces femmes d'obtenir une grossesse et ne semble pas majorer de façon significative le risque de récidive.