Thérapie cellulaire en cardiologie: rêve ou réalité?
Auteurs : Menasché P1, Hagège AA, Desnos MLa thérapie cellulaire en cardiologie est déjà une réalité comme l'atteste le nombre d'essais cliniques actuellement en cours. Ces études concernent soit les cellules musculaires squelettiques chez des patients ayant une dysfonction ventriculaire gauche ischémique sévère, soit des cellules médullaires plus électivement réservées à des patients vus au stade aigu de l'infarctus, et bénéficiant dans le territoire greffé d'une revascularisation complémentaire par une technique interventionnelle. Les procédés de préparation, expansion et conservation des cellules musculaires sont aujourd'hui parfaitement opérationnels. Le problème est un peu différent dans le cas de la moelle, car dans la plupart des procédures le geste est limité à une biopsie de la crête iliaque suivie d'une réinjection presque immédiate de la moelle non fractionnée, la technique utilisée étant alors celle qui a été validée par des années d'expérience clinique en hématologie. Les résultats de ces essais cliniques ne sont pas tous connus. Certains, déjà publiés, sont très enthousiastes, mais ils doivent être interprétés avec une grande prudence en raison de la taille habituellement restreinte des populations de patients étudiés et surtout de l'absence de randomisation. Ainsi, le fait que la thérapie cellulaire soit devenue une réalité clinique ne doit pas occulter la question fondamentale qui est de savoir si elle a la capacité de régénérer une zone de myocarde nécrosé et de redonner ainsi une fonctionnalité à des territoires akinétiques. Sur ce plan, la thérapie cellulaire reste pour l'instant un rêve. Il a en effet toujours été clair que les myoblastes se différenciaient en myotubes et conservaient par conséquent un phénotype musculaire squelettique sans aucune transformation en cardiomyocytes. Le débat est plus controversé en matière de cellules de la moelle, mais l'utilisation de techniques d'identification rigoureuses reposant principalement sur des marqueurs génétiques, a permis de remettre sérieusement en cause le concept de plasticité de ces cellules médullaires. Ces remarques n'impliquent pas pour autant que la thérapie cellulaire n'ait pas d'effets fonctionnels qui peuvent procéder de mécanismes alternatifs, tels la limitation du remodelage ventriculaire ou des effets paracrines. Toutefois, ni les cellules de la moelle ni les cellules musculaires ne remplissent les deux prérequis à une véritable régénération cardiaque : un couplage électrique des cellules greffées avec les cardiomyocytes du receveur et la génération consécutive d'une force contractile. Il est donc important de continuer à explorer d'autres pistes au sein desquelles les cellules souches embryonnaires tiennent une place dominante.