IntroductionL’usage de psychotropes est important en France et augmente depuis deux décennies. À ce jour, aucune étude nationale confrontant cet usage au diagnostic des troubles psychiatriques n’a été réalisée. L’étude ESEMeD/MHEDEA 2000 permet d’avoir une idée précise des conditions d’usage des psychotropes et de mettre en perspective la France par rapport à cinq autres pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, Hollande et Italie).Les objectifs étaient(1) décrire l’usage des psychotropes déclarés (globalement et par classe thérapeutique) afin d’en évaluer la prévalence annuelle, les durées de traitement et les facteurs démographiques associés à leur utilisation. (2) estimer la proportion des sujets présentant un trouble anxieux, dépressif ou lié à l’alcool (abus ou dépendance) qui sont effectivement traités par un antidépresseur (AD) ou un anxiolytique-hypnotique (AX-HY). (3) évaluer la proportion des usagers de psychotropes répondant aux critères diagnostiques de troubles dépressif, anxieux, ou lié à l’alcool.MéthodeIl s’agit d’une enquête transversale réalisée en 2001-2003, en population générale, chez des sujets âgés de plus de 18 ans et non institutionnalisés, vivant en Allemagne (n = 3 555), en Belgique (n = 2 419), en Espagne (n = 5 473), en France (n = 2 894), aux Pays-Bas (n = 2 372) et en Italie (n = 4 712). En France, la base de sondage utilisée était une liste de numéros de téléphone générés aléatoirement. Les sujets ont été interrogés à leur domicile par des enquêteurs professionnels. Le questionnaire WMH-CIDI a été utilise.RésultatsEn France, 21 % des sujets interrogés (n = 590) avait pris au moins une fois un psychotrope dans l’année. Il s’agissait d’un anxiolytique-hypnotique (AX-HY) pour 19 %, d’un antidépresseur (AD) pour 6,0 %, d’un antipsychotique (AP) pour 0,8 % et d’un thymorégulateur (TY) pour 0,4 %.La répartition des usagers d’AX-HY selon le nombre de jours de traitement était la suivante : 44 % (1-15 jours), 13 % (16-30 jours), 14 % (1-3 mois), 6,7 % (3-6 mois) et 23 % (> 6 mois). Pour les AD, la répartition était : 21 % (1-15 jours), 7,8 % (16-30 jours), 18 % (1-3 mois), 12 % (3-6 mois) et 42 % (> 6 mois). Parmi les personnes qui répondaient aux critères de trouble dépressif dans l’année ou au cours de la vie, 43 % et 29 % respectivement avaient pris un AX-HY dans les douze derniers mois, 29 % et 16 % un AD. Pour ceux qui répondaient au diagnostic de trouble anxieux dans l’année ou au cours de la vie, l’usage d’AX-HY, dans les douze derniers mois, a concerné 43 % et 30 % des sujets tandis que celui des AD concernait 16 % et 14 %. En cas de trouble lié à l’alcool dans l’année ou sur la vie, l’usage d’AX-HY, dans les douze derniers mois, a concern...