Objectif. –Déterminer s'il est possible de prédire la présence d'une infection bactérienne sévère (IBS) lors de la consultation aux urgences d'un enfant fébrile âgé de moins de trois mois.Méthodes. –Analyse rétrospective de 315 dossiers de consultations consécutives d'enfants fébriles de moins de trois mois aux urgences pédiatriques d'un hôpital français. Analyse multivariée par régression logistique des différents éléments habituellement considérés dans les scores existants et de laC-Réactive proteine. Calcul des sensibilités, spécificités, valeurs prédictives positives et négatives du score obtenu et du score de Bachur.Résultats. –Soixante-dix-neuf (25,1 %) enfants étaient porteurs d'une infection bactérienne sévère, au premier rang desquelles les pyélonéphrites (71 ; 22,5 %). Parmi ces enfants, l'un avait une méningite bactérienne. L'enfant remplissait les critères classiques de faible risque d'infection bactérienne sévère : il est décédé en l'absence d'antibiothérapie précoce. Les facteurs suivants étaient significativement liés à la présence d'une infection bactérienne sévère : le sexe masculin, la température supérieure à 38,5 °C et durant depuis plus de 24 heures, l'altération de l'état général et l'absence de symptomatologie ORL ainsi qu'un nombre anormal de globules blancs, une polynucléose de plus de 50 % et une concentration sérique de la CRP supérieure à 20 mg/l. L'analyse multivariée sur l'ensemble des paramètres n'a retenu comme significatifs qu'une élévation de la concentration sérique de la CRP au-delà de 20 mg/l (OR = 18,09) et la polynucléose supérieure à 50 % (OR = 3,16). Ces deux paramètres réunis en un score ont permis de prédire l'absence d'infection bactérienne sévère avec une valeur prédictive négative de 93,1 %.Conclusions. –Aucun score ne permet actuellement de prédire à 100 % l'absence d'IBS chez les nourrissons fébriles âgés de moins de trois mois. Le risque de séquelles graves et de décès en cas d'infection bactérienne sévère non traitée nous parait justifier une antibiothérapie probabiliste jusqu'à s'être assuré de la négativité des cultures bactériologiques. Des études doivent évaluer la place de nouveaux marqueurs d'inflammation comme la procalcitonine.