Le syndrome hémolytique et urémique est une complication rare des traitements par gemcitabine.Méthodes. –Nous rapportons une série de six nouveaux cas de syndrome hémolytique et urémique secondaire à la gemcitabine, dont trois issus d'une étude rétrospective de 136 patients consécutifs traités par gemcitabine pour lesquels un dépistage systématique a été réalisé et analysons les 29 cas de la littérature pour lesquels des données cliniques sont disponibles afin de préciser la fréquence et les caractéristiques de cette complication.Résultats. –Dans notre série rétrospective, la fréquence du SHU est de 2,2 %, très supérieure à celle précédemment rapportée (0,015 %) ou estimée à partir des données des études analysées (0,072 %). Pour les 35 cas cliniquement documentés, il s'agit toujours de patients traités pour des maladies localement évoluées ou métastatiques. Dans notre série et dans celle de la littérature, le nombre moyen de doses de gemcitabine (moyenne ± déviation standard. minimum/maximum) (série personnelle : 26,5 ± 6,6. 16/36, série de la littérature : 21 ± 11. 8/54), la dose totale moyenne de gemcitabine (g/m2) (série personnelle : 24,5 ± 6,3. 16/31,6, série de la littérature : 21,7 ± 12,4. 2,4/54) et la durée moyenne du traitement (mois) (série personnelle : 8,2 ± 1,9. 5,6/11, série de la littérature : 8,5 ± 4,0. 3/18) sont comparables : l'existence de grandes variations individuelles apporte peu d'arguments pour une toxicité temps et/ou dose-dépendante. Le signe clinique le plus constant est l'apparition ou l'aggravation d'une hypertension artérielle, dans un contexte d'anémie modérée associée ou non à une thrombopénie. La gravité de l'insuffisance rénale est variable. L'existence de formes d'aggravation progressive et de formes biologiques pures au moment du diagnostic suggère l'intérêt d'un dépistage clinique et biologique systématique du syndrome hémolytique et urémique avant chaque injection de gemcitabine. Le pronostic immédiat est lié à l'évolution du syndrome hémolytique et urémique et en cas de guérison à celui de la maladie néoplasique. Le traitement repose sur l'arrêt de la gemcitabine, le contrôle de l'HTA et éventuellement l'apport de plasma frais congelé.Conclusions. –Le dépistage clinique et biologique systématique du syndrome hémolytique et urémique au cours des traitements par gemcitabine pourrait permettre de mieux connaître cette complication, de la diagnostiquer et de la traiter plus précocement, ce qui pourrait avoir un impact positif pour les patients.