Objectifs. –Le carcinome épidermoïde hypopharyngé est associé à l’un des pronostics les plus défavorables des cancers de la sphère ORL. L’objectif de ce travail était d’analyser ses modalités thérapeutiques à l’institut Salah-Azaïz (Tunis) et de comparer leurs résultats.Patients et méthodes. –Cette étude rétrospective porte sur 271 carcinomes épidermoïdes de l’hypopharynx, colligés au service de chirurgie carcinologique cervicofaciale et ORL de l’institut Salah-Azaïz sur une période de 25 ans (1977 à 2002). L’âge moyen des patients était de 56 ans ; le sex-ratio était en moyenne de 1,2 (homme/femme). L’indication d’un traitement à visée curative a été initialement retenue pour 149 (55 %) patients, qui ont été les seuls retenus pour l’analyse des résultats.Résultats. –Nous avons retenu l’indication d’un protocole incluant chirurgie et radiothérapie postopératoire pour 26,2 % des patients. Le taux de mortalité postopératoire était de 5,1 % ; le taux de morbidité opératoire était de 46,2 %. Pour 13,5 % des patients, la radiothérapie postopératoire a été définitivement interrompue en raison d’une altération progressive de l’état général en cours de traitement. Nous avons posé l’indication d’une radiothérapie exclusive pour 59,7 % des patients. L’âge moyen était de 56 ans et le sex-ratio de 1,2. La télécobaltothérapie externe était délivrée en fractionnement et étalement classiques. La radiothérapie a dû être définitivement interrompue en cours de réalisation dans 32,6 % des cas devant une aggravation de l’état général ; le taux de morbidité liée à la radiothérapie était de 33,3 %. Un protocole de conservation d’organe avec chimiothérapie néoadjuvante a été proposé à 21 patients (14,1 %). L’âge moyen était de 53 ans (28 à 65 ans) et le sex-ratio (homme/femme) de 0,5. Le taux de survie globale était de 25,5 % à un an, 18,1 % à deux ans, 11,4 % à trois ans et 7,4 % à cinq ans. Tous les patients à qui a été proposée une chimiothérapie sont décédés en cours de traitement. Les taux de survie à deux et à cinq ans des patients traités par chirurgie et irradiation et par irradiation exclusive étaient respectivement de 21,5 et 12 %, et 18,3 et 10 %. La différence de survie entre ces deux populations thérapeutiques n’était pas significative (p= 0,08).Conclusion. –Tandis que la chimiothérapie néoadjuvante apparaît dans notre série comme grevée d’une lourde mortalité, l’association chirurgie–radiothérapie et la radiothérapie exclusive semblent d’une efficacité similaire dans le traitement du carcinome hypopharyngé.