Objectif de l’étude. –La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) repose sur une méthodologie dite de planification inverse où, à partir d’objectifs dosimétriques, des contraintes d’optimisation sont introduites dans le logiciel de planification inverse qui calcule la modulation d’intensité à appliquer à chacun des faisceaux pour obtenir la distribution de dose souhaitée. Selon la manière dont cette modulation est appliquée et en fonction des contraintes fixées et des performances du logiciel utilisé, les résultats de l’optimisation peuvent être différents de ceux attendus. On est alors amené à rechercher les contraintes d’optimisation qui permettent de satisfaire les objectifs dosimétriques. L’objectif de ce travail était de présenter la démarche adoptée à l’institut Curie pour passer progressivement de la technique conformationnelle tridimensionnelle à la RCMI.Patients et méthodes. –L’étude a porté sur les 12 premiers patients traités avec modulation d’intensité à partir de juin 2002. Les traitements ont été effectués avec un appareil Varian Clinac 23EX et la planification sur le logiciel Varian CadPlan–Helios. Nous avons en particulier analysé les critères et les contraintes utilisés et évalué le bénéfice apporté par la modulation d’intensité en termes de couverture du volume cible (indice de conformité) et de protection des organes critiques. Dans tous les cas, une partie du traitement a été effectuée sans et le reste avec modulation d’intensité.Résultats et conclusion. –Les résultats ont confirmé que, pour obtenir une amélioration de la protection des organes à risque sans dégrader l’homogénéité de la dose délivrée au volume cible, il y avait intérêt à effectuer la plus grande partie du traitement avec modulation d’intensité. Pour nous rapprocher des objectifs dosimétriques fixés, nous avons dû utiliser des contraintes plus strictes qui ont pu être conservées pour tous les patients à l’exception des contraintes dose–volume sur le rectum. Le facteur de conformation a été amélioré de 16 % pour les traitements avec modulation d’intensité. En étudiant la possibilité d’effectuer un traitement complet avec modulation d’intensité, nous avons constaté qu’en faisant deux plans de traitement successifs en considérant la prostate et vésicules séminales d’une part et la prostate seule d’autre part, des résultats optimaux ont été obtenus. De très bons résultats ont été également obtenus en définissant de nouveaux jeux de contraintes sur deux volumes cibles prévisionnels distincts associés respectivement à la prostate seule et aux vésicules séminales seules. Cette manière de faire correspond à notre pratique actuelle.