Nouveaux anti-arythmiques--espoir ou déception?
Auteurs : Touboul P1Les nouveaux agents anti-arythmiques étudiés dans la dernière décennie sont pour une grande part les produits d'une recherche orientée vers la mise au point de composés bloquant les courants impliqués dans le processus de repolarisation (action de classe III). Il faut y adjoindre la dronédarone, produit affilié à l'amiodarone et possédant comme tel les 4 classes d'action anti-arythmique. Les purs agents de classe III prolongent le potentiel d'action cardiaque et par suite les périodes réfractaires et l'intervalle QT. La vitesse de conduction est inaltérée. Ces produits agissent avec prédilection sur les arythmies par rentrée. Le dofétilide en est un prototype. L'action de classe III est liée au blocage du courant Ikr et peut paradoxalement s'amenuiser pour les fréquences cardiaques élevées. Le dofélitide n'a pas montré d'effet délétère sur la survie de patients ischémiques à haut risque. La conversion de tachyarythmies atriales en rythme sinusal peut être obtenue dans 1 à 2 tiers des cas. Quant à la prévention de ces mêmes arythmies, son taux peut excéder 60 % des cas. Par contre, la survenue de torsades de pointes est de l'ordre de 3 % justifiant l'instauration du traitement en milieu hospitalier. Libutilide agit en bloquant les courants Ikret INa-s. Utilisé uniquement par voie intraveineuse, cet agent est susceptible de convertir en rythme sinusal 1 tiers des épisodes de fibrillation atriale et 2 tiers des accès de flutter. Le risque de torsades de pointes atteint 3,5 % et impose la réalisation du traitement en milieu hospitalier. L'azimilide bloque de multiples canaux Iks mais aussi Ihr, Ica et Ina. L'effet électrophysiologique se maintient aux cadences rapides. Évalue chez les patients avec fibrillation auriculaire paroxystique, l'azimide allonge le délai d'apparition de la première rechute, effet associé à une excellente tolérabilité (taux de torsades de pointes : 0,55 %). Dans une étude de survie, l'azimide a montré un effet neutre chez des sujets à risque élevé combinant diminution de la fraction d'éjection et de la variabilité sinusale. Se distinguant des produits précédents, la dronédarone est un benzofurane dont la structure est similaire à celle de l'amlodarone, mais dépourvue d'iode. La dose de 800 mg est associée au meilleur rapport bénéfice-risque. Chez les patients avec dysfonction ventriculaire gauche, l'administration du produit a été associée à un excès de mortalité. Deux récentes études de prévention de la fibrillation atriale ont démontré que la dronédarone avait, en la matière, une efficacité modérée associée à une excellente tolérance générale.