Depuis près de dix ans, la thérapie antirétrovirale (ARV) a amélioré le pronostic de l’infection au VIH-1 et a démontré un meilleur contrôle de l’excrétion virale en réduisant la charge virale dans le sperme. Cependant, les traitements par les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) ont pu révéler d’importants effets indésirables. La majeure partie de ces effets semble associée à un mécanisme commun : une altération de l’activité mitochondriale. Depuis l’application de la prise en charge des couples sérodifférents, dont l’homme est infecté par le VIH-1 et sous thérapie avec INTI, de nombreux résultats dans la littérature, tels que paramètres spermatiques et issue des grossesses, ont attiré l’attention des équipes de recherche. Bien que ces études suggèrent un effet des INTI sur certains paramètres du sperme, les mécanismes responsables de ces effets sont peu explorés. Les INTI possèdent une forte affinité pour la transcriptase inverse du VIH-1. Comme tous les INTI ne sont pas seulement inhibiteurs de la transcriptase inverse mais aussi inhibiteurs de l’ADN polymérase ß et γ, plusieurs effets toxiques peuvent être envisagés. Cette spécificité n’est cependant pas absolue et des incorporations « accidentelles » d’INTI peuvent être faites sur l’ADN génomique des spermatozoïdes. Une seule étude sur le génome des spermatozoïdes de patients sous thérapie INTI a été publiée sans résultats concluants. Récemment, des travaux ont suggéré que l’exposition aux INTI pouvait induire une altération de l’activité des mitochondries de spermatozoïdes. Les INTI sont connus pour induire une augmentation de la génération de substances oxygénées réactives qui favorise la dégradation du potentiel trans-membranaire (Δψm) de la mitochondrie. Cette perte du Δψmpeut induire le relargage de facteurs spécifiques de l’apoptose, par exemple le cytochrome c de la mitochondrie, qui initie l’apoptose. La fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes, associée à l’apoptose, a été rapportée comme une cause possible de fausses couches spontanées à répétition. Si l’incorporation des INTI a été rapportée dans l’ADN des cellules somatiques, l’absence de données sur l’ADN génomique du spermatozoïde justifie que soit mise en place une étude sur les effets de l’exposition paternelle aux INTI sur le matériel génomique du gamète mâle, notamment en raison de son implication dans le développement du zygote après la fécondation.