Intérêt de l'etude de la cristallurie en pratique clinique.
Auteurs : Daudon M1, Barbey F, Jungers PLa cristallurie est la conséquence d'un déséquilibre de l'ensemble des substances, connues ou inconnues, dosées ou non, qui interviennent dans les processus de cristallisation urinaire. Bien qu'elle puisse être observée chez des sujets normaux, elle témoigne toujours, pour les espèces cristallines usuelles (oxalate de calcium, acide urique, phosphates de calcium), d'un excès de sursaturation des urines et oriente vers des anomalies biochimiques qui sont connues pour être génératrices de lithiase rénale comme l'hypercalciurie, l'hyperoxalurie, l'hyperuricurie ou l'hypocitraturie, d'où son intérêt chez le patient lithiasique. Lorsque la nature des cristaux est particulière, elle peut révéler une pathologie infectieuse ou des maladies génétiques rares comme la cystinurie-lysinurie, la xanthinurie familiale, le déficit en adénine phosphoribosyltransférase ou l'hyperoxalurie primaire. Outre la nature des cristaux, leur forme, leur taille, leur degré d'agrégation renseignent sur la composition biochimique de l'urine et le risque de former des calculs. Le suivi des patients lithiasiques calciques ou uriques par l'étude sériée de la cristallurie réalisée sur les premières urines du réveil de même que l'évaluation du volume cristallin global dans rurine des patients cystinuriques sont actuellement les meilleurs marqueurs du risque clinique de récidive des calculs. L'étude de la cristallurie peut aussi s'appliquer au diagnostic des insuffisances rénales par cristallisation médicamenteuse et à la protection du greffon rénal chez les patients présentant une hyperoxalurie primaire et ayant bénéficié d'une transplantation hépato-rénale ou rénale seule. Non invasive, de réalisation facile, pouvant être répétée sans dommage pour le patient, l'étude de la cristallurie apparaît de plus en plus comme un excellent outil de diagnostic et de surveillance chez tous les patients qui présentent des pathologies cristallines urinaires.