Un examen des concepts utilisés par l'immunologie conduit à s'interroger sur l'origine et la légitimité des notions desoiet denon-soi, situées au cœur du modèle théorique dominant dans cette science. Toute réflexion théorique sur l'immunologie doit se donner pour fin la détermination d'uncritère d'immunogénicité, c'est-à-dire la définition opératoire des conditions dans lesquelles une réaction immunitaire a lieu ou n'a pas lieu. Or, une double critique, conceptuelle d'une part et fondée sur des résultats expérimentaux d'autre part, du vocabulaire du soi et du non-soi, permet de montrer l'imprécision et même l'inadéquation de la dichotomie soi/non-soi. Il apparaı̂t alors que le modèle du soi et du non-soi doit être revu, voire rejeté. À partir de cette critique, on peut proposer une autre hypothèse théorique pour l'immunologie, fondée sur la notion decontinuité. L'« hypothèse de la continuité » présentée ici s'efforce de suggérer un critère d'immunogénicité échappant aux reproches précédemment adressés au modèle du soi.Pour citer cet article : T. Pradeu, E.D. Carosella, C. R. Biologies 327 (2004).