Conséquence psychiatrique après l'implantation d'un défibrillateur automatique. A propos d'un cas.
Auteurs : Goëb JL1, Galloyer-Fortier A, Dupuis JM, Victor J, Gohier B, Garré JBLe défibrillateur cardiaque implantable a révolutionné le pronostic des arythmies ventriculaires potentiellement létales en administrant In situ un choc électrique en cas de salves de tachycardie ou de fibrillation ventriculaire. Ce dispositif indispensable est parfois mal accepté psychologiquement par des patients fragilisés par des expériences de mort subite après lesquelles ils ont été réanimés. Les troubles dépressifs et anxieux sont fréquents et le retentissement sur la qualité de vie est important. La survenue imprévisible de chocs électriques douloureux, multiples et incontrôlables provoque parfois un état de stress aigu avec une sidération dont nous discutons la ressemblance avec le modèle de l'impuissance apprise (learned helplessness) décrit expérimentalement chez l'animal par Seligman. L'observation originale d'un patient de 20 ans dont le défibrillateur s'est déclenché vingt fois en une nuit rend compte de cet état de résignation: son état de stress et son impuissance étaient tels qu'il était prostré dans son lit. Le suicide était alors pour lui la seule issue envisagée pour fuir les chocs électriques d'un appareil désormais vécu comme dangereux. La prise en charge de cet état n'est pas encore codifiée, mais elle suppose une étroite collaboration entre les équipes de rythmologie cardiaque et de psychiatrie. Elle ne saurait être uniquement médicamenteuse, notamment antidépressive, puisque le réglage de la sensibilité de déclenchement de l'appareil donne au patient le sentiment d'une maîtrise possible: la soumission n'est pas totale! Des recherches selon cet axe permettraient d'améliorer l'acceptation du dispositif de soins et la qualité de vie du patient.