Facteurs de risque de mortalité cardiaque en cas de syncope et d'antécédents d'infarctus du myocarde.
Auteurs : Brembilla-Perrot B1, Suty-Selton C, Alla F, Beurrier D, Houriez P, Claudon O, Terrier de la Chaise A, Louis P, Sadoul N, Andronache M, Miltjoen H, Juillière YLa syncope est considérée comme un signe clinique prédictif d'un risque de mort subite chez les patients ayant des antécédents d'infarctus du myocarde. Le but de cette étude a été de rechercher des facteurs de pronostic d'une telle population. La population d'étude a concerné 228 patients ayant des antécédents d'infarctus du myocarde de plus d'un mois sans tachycardie ventriculaire documentée. Ces patients étaient admis pour bilan d'une syncope. Méthodes : la fraction d'éjection du ventricule gauche (FEVG) a été mesurée par échographie ou méthode isotopique. L'étude électrophysiologique complète incluant une stimulation auriculaire et ventriculaire programmée a été systématique. Les patients ont été suivis entre 6 mois et cinq ans ou jusqu'à une transplantation cardiaque (moyenne 3 ± 1 ans). Résultats : 119 patients avaient une FEVG < 40 % (groupe I) et 109 une FEVG > 40 % (groupe II). Une tachycardie ventriculaire (TV) soutenue monomorphe de fréquence inférieure à 280 batt/min a été induite chez 44 patients du groupe 1 (37 %) et 18 patients du groupe Il (16,5 %; p < 0,05). Un flutter (ou une fibrillation) ventriculaire a été induit chez 24 patients du groupe I (19 %), 19 patients du groupe II (17 %; NS). Des causes variées de syncope (troubles de la conduction, tachycardie supraventriculaire, hypertonie vagale, ischémie coronaire sévère) ont été trouvées chez 23 patients du groupe I (19 %) et 32 patients du groupe Il (29 %; NS). La syncope est restée inexpliquée chez 43 patients du groupe I (36 %) et 40 patients du groupe II (37 %; NS). Le pronostic a été très différent. Dans le groupe I, la mortalité cardiaque a été de 49 % chez les patients avec TV monomorphe inductible inférieure à 280 batt/min, 35 % chez ceux qui avaient un flutter ou une fibrillation ventriculaire inductible mais seulement 9 % en cas d'absence de déclenchement de troubles du rythme ventriculaire. Dans le groupe II, le pronostic a été indépendant des résultats de la stimulation programmée et favorable: la mortalité cardiaque a été de 5,5 % chez les patients avec tachycardie inductible, 5 % chez ceux avec flutter ou fibrillation ventriculaire inductible et 4 % chez ceux sans trouble du rythme inductible. Conclusion: la FEVG apparaît comme étant le plus puissant prédicteur de mortalité cardiaque et subite en cas de syncope associée à des antécédents d'infarctus du myocarde. Le pronostic dépend également des résultats de la stimulation ventriculaire programmée si la FEVG est < 40 %. Une TV soutenue monomorphe est plus fréquemment induite dans ce cas, et le pronostic de ces patients est très défavorable alors que la notion de syncope n'affecte pas le pronostic des sujets avec FEVG conservée, même, en cas de déclenchement de TV.