Les auteurs rapportent une expérience clinique portant sur 170 patients traités par la clozapine avec un recul de 10 ans correspondant au début de la procédure « cas humanitaire » instaurée avant la commercialisation de la molécule. L’étude est rétrospective, descriptive. À la date de l’enquête (septembre 1999), 96 patients bénéficient de cette médication et 74 ont vu leur traitement interrompu. Les indications principales sont une résistance aux traitements neuroleptiques classiques (87,6 % des patients) et, pour plus des 2/3, elles concernent des patients schizophrènes paranoïdes, désorganisés ou souffrant de troubles schizo-affectifs. L’évaluation des effets secondaires met en évidence un cas d’agranulocytose (0,6 % des patients) et 7 vrais cas de leuconeutropénie (4,1 %). Le profil des autres effets adverses est, à quelques différences près, similaire à ce qui est rapporté dans la littérature. Plus du tiers des patients n’ont présenté aucun effet indésirable. Concernant les médications associées, la clozapine permet de réduire significativement les co-prescriptions : 25 % des patients (contre 6,5 % avant) ne reçoivent comme psychotrope que la clozapine. Enfin, nous avons pu observer une évolution notable du mode de prise en charge au sein de notre cohorte : la clozapine, lorsque sa prescription est conduite sur une période suffisamment longue (au moins 18 mois), diminue significativement le temps d’hospitalisation temps plein, plus que les neuroleptiques classiques et permet une durée de suivi ambulatoire plus grande.