ObjectifsIl est aujourd’hui largement admis que la prise en charge des douleurs chroniques doit être globale et intégrer sa dimension subjective. Or, jusqu’à présent, aucune méthode n’a été mise à la disposition des soignants pour aborder ce domaine complexe où les composantes discriminative et émotionnelle de la douleur se combinent pour donner au vécu du sujet souffrant un caractère indéfinissable et résistant à la communication. Nous présentons ici les résultats préliminaires d’une approche phénoménologique de ce vécu chez des patients souffrant de douleurs neuropathiques.MéthodeLa phénoménologie, méthode philosophique, a été conçue pour analyser les phénomènes à partir de la conscience qu’en a le sujet, et donc du récit qu’il en fait. Nous avons donc proposé à ces patients de s’exprimer, dans le cadre d’entretiens semi-directifs enregistrés, sur leur vécu quotidien de la douleur et sur la façon dont ils vivaient avec celle-ci.RésultatsUne analyse du contenu des textes recueillis a fait apparaître l’influence de la douleur sur le rapport à soi, à l’entourage et au monde, ainsi que sur la capacité des personnes à évaluer leur qualité de vie.DiscussionL’abondance et la précision des réponses obtenues suggèrent qu’une méthode inspirée de la phénoménologie pourrait, après adaptation aux contraintes de la clinique, rendre le vécu de la douleur accessible aux soignants. Une telle méthode pourrait aussi permettre d’affiner le concept de douleur chronique. De plus, parce qu’elle rétablirait le patient douloureux dans son statut de personne, elle aurait en elle-même une forte valeur éthique.