Benzodiazépines et passage à l'acte criminel.
Auteurs : Michel L1, Lang JPLa littérature internationale décrit depuis environ 30 ans la survenue d'états d'agitation avec agressivité extrême, dans un contexte de désinhibition, parfois compliqués de passages à l'acte délictueux ou criminels. Ces épisodes s'accompagnent d'une amnésie antérograde totale ou quasi totale. Si certaines molécules sont plus fréquemment concernées (flunitrazépam, chlorazépate, diazépam, triazolam ou alprazolam), toutes présentent cette potentialité à des degrés divers en fonction de leurs caractéristiques propres. En fait, un certain nombre de facteurs semblent interagir, liés aux propriétés pharmacologiques de la molécule, au mode de prises et aux produits associés, ainsi qu'au contexte psychopathologique sous-jacent. Notre pratique en milieu carcéral nous permet de saisir à quel point ces situations médicolégales sont fréquentes et surtout banalisées, en tout cas ignorées des magistrats dans leur évaluation des responsabilités. Nous ne pouvons donc que rappeler l'importance d'informer nos patients des risques inhérents à ce type de consommation et notre responsabilité lors de prescriptions massives de benzodiazépines connues pour leur potentiel désinhibiteur.