La périnatalité en Guyane est marquée par une mortalité double de celle des autres chiffres nationaux. Dans le cadre d’un projet global faisant intervenir tous les acteurs autour de la naissance, l’unité de néonatologie du centre hospitalier de Cayenne (CHC) a bénéficié depuis 1996 d’un programme de mise à niveau pour pallier le retard considérable de structure et de moyens. Notre étude avait un double objectif : établir après 2 ans de mise en place du programme la qualité de la prise en charge des prématurés de moins de 33 semaines d’aménorrhée (SA) nés en 1998 ; évaluer le devenir médical et familial de ce groupe d’enfants.Population et méthode. –Tous les prématurés de moins de 33 SA sortis vivants de la salle de naissance et hospitalisés dans l’unité de néonatologie du CHC en 1998 ont été inclus. Les données obstétricales et néonatales ont été consignées à partir des dossiers hospitaliers. Une enquête par questionnaire menée de décembre 1999 à juillet 2001 s’est intéressée au devenir médical et familial à distance. La saisie et l’analyse des grilles ont été effectuées sur le logiciel Epi-Info 6.0 (CDC, Atlanta, États-Unis).Résultats. –Quatre-vingt-huit enfants issus de 78 grossesses dont 29 transferts in utero et 12 transferts postnatals ont été inclus. La situation des mères se caractérisait par une grande précarité, un mauvais suivi des grossesses (27 % de grossesses non déclarées), une morbidité plus grande pour le nouveau-né. La prise en charge ne se distinguait pas des données nationales de la cohorte Epipage en termes d’âge gestationnel moyen — 29,9 SA —, de poids de naissance moyen — 1411 g —, de mortalité — 90,9 % sortis vivants de l’hôpital —, de morbidité, de croissance staturopondérale à 2 ans. En revanche, 26 % des enfants étaient nés hypotrophes — 15 % dans la cohorte Epipage —, en rapport avec les 29 % de grossesses compliquées de dysgravidie. Quatre enfants présentaient un retard des acquisitions dont 2 secondaires à des handicaps moteurs ; 2 enfants étaient en difficultés socio-éducatives graves. Le suivi postnatal était principalement assuré par les centres de protection maternelle et infantile, 1/3 des examens n’ont pas été consignés dans le carnet de santé, les dépistages auditifs n’ont pas été réalisés. L’ouverture d’un centre d’action médicosociale précoce en 2001 permet maintenant un suivi prospectif de cette population.Conclusion. –La mortalité néonatale précoce en Guyane a chuté de 10,3 pour 1000 naissances à 4,4 en 1998, reflet direct de l’amélioration des possibilités de prise en charge des nouveau-nés. En revanche, une amélioration des taux de mortinatalité ne pourra pas faire l’économie d’un meilleur suivi de la grossesse.