Une façon particulière d'étudier et de comprendre les effets des métaux lourds sur les paramètres physiologiques et biochimiques affectant la croissance d'une plante consiste à suivre l'évolution de ces mêmes paramètres chez des plantes pré-stressées, puis replacées dans des conditions normales. Pour cela, des plantules de tomate préalablement cultivées pendant 10 jours sur milieu nutritif de base sont d'abord placées pendant 7 jours sur un milieu de culture enrichi de 20 μM de cadmium, puis replacées pendant 9 jours sur milieu de culture de base sans cadmium. Les résultats obtenus montrent que l'élimination du cadmium du milieu de culture se traduit par une reprise de l'activité de croissance de tous les organes, avec une diminution de la teneur en cadmium. Par ailleurs, la teneur en nitrate augmente progressivement dans les feuilles et dans les racines. En même temps, on observe une stimulation des activités de la nitrate réductase (NR), de la nitrite réductase (NiR) et de la glutamine synthétase (GS). Ces effets se manifestent dans tous les organes. Parallèlement à la stimulation dans l'activité de ces enzymes impliquées dans des réactions anabolisantes de l'assimilation du nitrate, se produit une augmentation progressive de l'activité de la glutamate déshydrogénase NAD+-dépendante (GDH-NAD+) et une diminution graduelle de l'activité de la glutamate déshydrogénase NADH-dépendante (GDH-NADH), c'est-à-dire de l'enzyme impliquée dans la ré-assimilation détoxificatrice de l'ammonium provenant de réactions protéolytiques. L'ensemble de ces résultats peut s'expliquer sur la base d'un effet de dilution du polluant préalablement accumulé dans la plante pendant la période de traitement dans une masse de tissu de plus en plus grande, entraı̂nant une reprise de l'activité de croissance après retrait du polluant du milieu de culture.Pour citer cet article : C. Chaffei et al., C. R. Biologies 326 (2003).