La lipo-aspiration est un moyen élégant et simple de traiter certains excédents de tissu graisseux ; son utilisation s’est rapidement étendue au traitement des lipomes et de certaines gynécomasties. Le but de cet article est de présenter 2 observations d’un risque exceptionnel de la liposuccion : la liposuccion de tumeurs malignes. Les cas cliniques de 2 patients, adressés dans le service pour la prise en charge de cette complication, sont étudiés pour illustrer ce propos : la liposuccion d’une « gynécomastie » chez un patient porteur d’un cancer du sein, et la lipo-aspiration d’un « lipome » de la cheville chez une patiente présentant en fait un liposarcome. Pour éviter de lipo-aspirer et disséminer une tumeur maligne, l’examen préopératoire doit s’orienter vers la recherche de particularités cliniques évoquant le diagnostic : une gynécomastie unilatérale, irrégulière, indolore ou dure chez un homme d’âge mûr doit faire préférer une exérèse chirurgicale classique, de même qu’un lipome récidivant, dépendant des plans profonds, volumineux ou rapidement extensif, situé sur les membres ou dans la région scapulohumérale. Des examens paracliniques peuvent être discutés. Il faut récuser d’emblée les cas douteux, qui doivent impérativement bénéficier d’une éxérèse chirurgicale avec marges de sécurité strictes et examen anatomopathologique complet de la pièce. La liposuccion est devenue un outil d’appoint très utilisé en chirurgie plastique ; ses nombreux avantages ne doivent pas faire oublier le risque de liposucer une tumeur maligne, c’est-à-dire de disséminer un cancer méconnu au moment de l’intervention. Tout chirurgien doit garder à l’esprit ce risque et préférer au moindre doute une exérèse chirurgicale.