Analyse de la prise en charge en Médecine Générale de malades identifiés comme positifs pour le virus de l'hépatite C dans le département des Alpes-Maritimes.
Auteurs : Ouzan D1, Cavailler P, Hofliger P, Mamino C, Joly H, Tran ALa prise en charge des malades identifiés par le médecin généraliste comme positifs pour le virus de l'hépatite C (VHC) est mal connue. En mai 2000, 75 médecins généralistes des Alpes-Maritimes ont réalisé un dépistage systématique de l'hépatite C selon trois facteurs : transfusion avant 1991, toxicomanie et incarcération. Quinze pour cent des 6321 malades vus pendant cette période avaient au moins un de ces trois facteurs. Cette étude a permis d'identifier 229 cas d'hépatite C déjà connus et seulement 9 nouveaux cas. But du travail - Evaluer, un an plus tard, la prise en charge par les médecins généralistes de ces 238 malades, atteints pour la plupart d'une hépatite C déjà connue. Cent cinquante neuf des 238 cas identifiés à la suite de cette campagne, ont pu être colligés. Résultats - ll s'agissait de 100 hommes et de 59 femmes, d'âge moyen 42 ± 12 ans. Le délai moyen entre la suspicion de la contamination et la découverte de la séropositivité était de 8 ± 6 ans. Les modes de contamination principaux étaient l'usage de drogue passé ou actuel (78 %), la transfusion (15 %) et l'incarcération (7 %). Le suivi était réalisé de façon exclusive par le médecin généraliste dans 34 % des cas, le malade était adressé à un spécialiste libéral dans 20 % et hospitalier dans 46 % des cas. L'activité sérique de l'ALAT était élevée dans 59 % et normale dans 41 % des cas, l'ARN du VHC était présent dans 78 % et absent dans 22 % des cas. Une ponction biopsie hépatique a été réalisée chez 62 malades (39 %). La moitié de ces 62 malades, soit 19 % des 159 malades dépistés, ont reçu un traitement (interféron ou interféron et ribavirine). L'absence de traitement, et le plus souvent de biopsie hépatique, était liée au refus des malades (26 %), à l'activité normale des aminotransférases (26 %), à la coinfection par le virus de l'immunodéficience humaine (27%). Le dernier quart correspondait aux situations suivantes : toxicomanie active, alcoolisme et psychose (12%), maladie hépatique évoluée (5 %) ou âge trop élevé (3 %). En analyse multivariée, les déterminants de l'absence de biopsie hépatique étaient : l'absence de virémie (P = 0,08), la toxicomanie (P = 0,09) et un suivi assuré de feçon exclusive par le généraliste (P < 0,01). Conclusion - La prise en charge en médecine générale de malades reconnus comme VHC positif à la suite d'une campagne de dépistage, est marquée par un refus fréquent des malades de la biopsie et/ou du traitement et par l'émergence d'une population difficile à traiter. Une meilleure collaboration entre généralistes et spécialistes pourrait en améliorer la prise en charge.