Le dosage des chaînes lourdes de la myosine plasmatique, facilement réalisable à la phase aiguë d'une nécrose myocardique, est une méthode récente permettant une approche quantitative de la taille de l'infarctus. Sa valeur pronostique n'a par contre pas été étudiée, à notre connaissance, contrairement au dosage des chaînes légères de la myosine sérique. Nous avons suivi l'état de santé de 40 patients (dont 37 hommes avec un age moyen de 56 ans) pendant deux ans après une nécrose myocardique inaugurale, thrombolysée à la phase aiguë. A terme, ont été évaluées leur survie (mortalité), ainsi que la survenue d'événements cardiaques (IDM, angor, mort subite...). Les résultats observés à deux ans ont été corrélés à ceux des dosages de myosine plasmatiques initiaux, et aux autres méthodes directes et indirectes d'évaluation de la taille de l'infarctus, qui ont été réalisés à la phase aiguë de l'accident coronarien (enzymes cardiaques, angiographie de contraste). Le principal résultat de cette étude est la démonstration qu'une cinétique inhabituelle de libération de la myosine plasmatique (aspect complexe) a une valeur prédictive de voir apparaître à moyen terme une insuffisance cardiaque (p = 0,04), et/ou une destabilisation de l'insuffisance coronaire (p = 0,02). Ces résultats semblent devoir êtres soulignés, car il semble qu'avec seulement 5 dosages de myosine sérique répartis sur dix jours, on puisse déterminer un groupe de patients à haut risque de complications à moyen terme, qui possède à la phase aiguë de l'infarctus du myocarde une cinétique de libération de type complexe et une valeur de l'aire sous la courbe supérieure à 10 470 μUI/L (valeur seuil, p = 0,043).