La fatigue est certainement l'effet secondaire le plus fréquemment rencontré chez les patients cancéreux et est pourtant souvent négligée par le cancérologue. Cette fatigue entraîne une détérioration de la qualité de vie, sur le plan à la fois physique, psychique et socioprofessionnel. Il faut distinguer différents degrés de fatigue et différencier la fatigue aiguë de la fatigue chronique. La fatigue aiguë est perçue comme normale après une effort physique et psychologique et nécessite moins d'une semaine de repos; l'impact sur la qualité de vie est donc minimal. La fatigue chronique est plus insidieuse; les causes sont multiples. Cette fatigue est ressentie par le patient comme anormale et disproportionnée, elle s'étend sur plusieurs semaines et entraîne un impact majeur sur la qualité de vie. Les mécanismes somatiques de la fatigue liés à la tumeur et/ou au traitement sont: les carences vitaminiques ou protéiniques liées à la malnutrition, l'accumulation de métabolites toxiques, les infections surtout de type viroses et septicémies, l'abus de sédatifs ou d'anti-douleurs, les insomnies, l'immobilisation, les insuffisances organiques ou troubles ioniques. L'anémie que l'on observe chez plus de 50 % des patients cancéreux, mérite une attention toute particulière. Les causes de cette anémie sont également multiples. Il est indiscutable que celle-ci interfère avec la qualité de vie du patient, la réduction de ses performances physiques, le manque de motivation ou d'énergie pour envisager des activités toutes simples. Les patients avec une hémoglobine supérieure à 12 g/dl décrivent une fatigue significativement moindre, un bien-être physique et fonctionnel supérieur et une meilleure qualité de vie. Pour aborder de façon optimale le traitement de la fatigue, il est important de détecter si la cause est organique, psychique ou mixte. Parmi les causes somatiques, les carences alimentaires, les douleurs et surtout l'anémie,... toutes ces complications peuvent être traitées médicalement. Cette fatigue est souvent ressentie par le patient cancéreux comme une progression de la tumeur ou un échec du traitement; il est dès lors indispensable d'informer les patients de la possibilité de cet effet secondaire afin qu'il n'engendre pas stress et anxiété durant le traitement.