Propos. –La valeur attribuée aux différents anticorps antiphospholipides (aPL) détectés dans le sérum des malades admis en médecine interne n’est pas univoque, et fait encore actuellement l’objet de controverses. Pour tester l’apport de ces nouveaux marqueurs, nous avons revu les dossiers de patients porteurs de différents aPL découverts entre 1996 et 1997.Méthodes. –Cent vingt-quatre dossiers de patients, porteurs d’au moins un anticorps antiphospholipides parmi les 2 suivants : anticoagulant lupique (LA), anticorps anticardiolipine (aCL) ou d’un anticorps anti-protéines de type : anti-β2glycoprotéine I (anti-β2GPI) ou antiprothrombine (aPT), ont été analysés. Le LA était détecté par PTT-LA et l’aCL, l’anti-β2GPI et l’aPT par des techniques Elisa-sandwich. Pour chaque patient nous avons enregistré, l’âge, le sexe, les antécédents familiaux et personnels de pertes fœtales répétées, de thrombose veineuse ou artérielle, de maladie systémique ; le motif de recherche des aPL, le diagnostic final, le temps de céphaline activée (TCA), le chiffre des plaquettes et le type d’aPL détecté.Résultats. –La population était composée de 77 femmes (62 %) et de 47 hommes (38 %), avec un âge moyen de 54 ans (12–92 ans). Le motif de détection était une thrombose veineuse, des pertes fœtales répétées, une pathologie auto-immune, une maladie infectieuse ou la découverte fortuite d’un TCA allongé. Le diagnostic final était une maladie systémique dans 57 % des cas, une pathologie infectieuse dans 14,5 % des cas, une thrombose veineuse dans 4,5 % des cas et un cancer (3 %). Un LA était présent chez 54 % des patients, 39,5 % avaient un aCL, 23 % un anti-β2GPI et 31 % un aPT. La thrombopénie était fortement corrélée à la présence d’un aCL (OR = 6,15 etp = 0,03). Aucun lien spécifique n’a été établi entre la valeur du TCA et le type d’aPL.Conclusion. –Notre étude indique que des antécédents familiaux de thrombose veineuse ou de maladie systémique sont utiles à la détection des anticorps antiphospholipides, que le LA est surtout associé aux maladies systémiques ou infectieuses, que l’aCL et l’anti-β2GPI prédominent en cas de thrombose veineuse, et que la présence d’une thrombopénie doit conduire à la recherche d’aCL et faire discuter la possibilité d’un SAPL.