Hétérogénéité clinico-biologique et génétique des anomalies innées du métabolisme du surfactant pulmonaire : déficit en SP-B et protéinose alvéolaire
Auteurs : Tredano M1, Blic JD, Griese M, Fournet JC, Elion J, Bahuau MLe surfactant pulmonaire est un complexe multimoléculaire situé à l'interface air-liquide de l'alvéole où il assure de nombreuses fonctions, tant physiques qu'immunitaires ou émonctoires. Il est constitué d'une couche lipidique aux propriétés tensio-actives (essentiellement des phospholipides) et d'une sous-phase aqueuse. Des différentes sous-fractions du surfactant, on isole les protéines très hydrophobes SP-B et SP-C et les collectines SP-A et SP-D, elles-mêmes ayant des propriétés structurale, métabolique ou défensive. Des anomalies du surfactant, innées ou acquises, de natures qualitatives ou quantitatives, sont responsables de pathologies humaines très diverses. Outre la maladie des membranes hyalines du nouveau-né prématuré, on décrit un groupe de pathologies héréditaires ou acquises caractérisées par l'accumulation d'un matériel prenant la coloration à l'acide périodique de Schiff et comblant les alvéoles. De cet ensemble nosologique hétérogène émergent au moins deux entités actuellement considérées comme distinctes: 1) le déficit en SP-B, qui rend compte de l'accumulation d'un matériel alvéolaire essentiellement protéique et qui constitue une véritable entité autosomique récessive liée au gène SFTPB (MIM 1786640) et qui se traduit le plus souvent par une détresse respiratoire néonatale aboutissant rapidement au décès, bien que des déficits partiels ou transitoires aient également été rapportés; 2) la protéinose alvéolaire, caractérisée par l'accumulation d'un matériel mixte, protidolipidique, constitue un syndrome clinico-biologique hétérogène, tant pour l'âge de début (de la période néonatale jusqu'à l'âge adulte) que pour la sévérité de la symptomatologie associée. Les modèles murins invalidés pour le gène du GM-CSF (Csfgm) ou de la sous-unité bêta de son récepteur (113rbl) viennent à l'appui d'une anomalie du renouvellement du surfactant où le macrophage alvéolaire serait un acteur de premier plan. Hormis le déficit en SP-B pour lequel on peut proposer un arbre diagnostique, l'exploration des autres anomalies du métabolisme du surfactant ne peut être actuellement codifiée. Le défrichement de ce groupe de pathologies n'en est pas moins essentiel afin de proposer une thérapeutique différenciée: lavages broncho-alvéolaires itératifs, opothérapie par le GM-CSF, greffe de moelle ou transplantation pulmonaire.