Peu d'études ont été consacrées à la place des facteurs psychologiques dans le cours évolutif de l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), et plus spécifiquement dans le sevrage du tabac, élément clé du pronostic. Nous avons évalué, chez 19 hommes hospitalisés pour une AOMI au stade de claudication intermittente, différentes caractéristiques de personnalité et de régulation émotionnelle, en les confrontant dans un second temps au comportement tabagique récent de ces patients. La population étudiée est caractérisée par une proportion élevée de sujets alexithymiques (identifiant et communiquant mal leurs émotions), une anxiété-état importante, et un soutien social reposant sur peu de personnes, mais procurant un sentiment de satisfaction important. Malgré une artériopathie le plus souvent assez évoluée ets'accompagnant fréquemment de troubles de l'érection, seuls 8 sujets ont arrêté de fumer, et 13 (incluant les huit sujets sevrés) ont réalisé un effort dans ce sens au cours des 6 mois précédents. L'existence de troubles de l'érection, ainsi que des scores plus élevés d'alexithymie, favoriseraient l'effort de sevrage du tabac. Les raisons essentielles qui empêchent un sevrage du tabac ne semblent pas d'ordre pharmacologique, ni une non-conscience du rôle néfaste du tabac dans l'évolution de l'artérite, mais davantage une dépendance psychologique complexe. Ces premiers résultats suggèrent la pertinence de l'évaluation psychologique préalable à l'aide au sevrage tabagique chez les patients atteints d'AOMI.