Nutrition et stress.
Auteurs : Tappy L1, Berger MM, Chiolero RLLes affections physiques aiguës graves s'accompagnent d'un ensemble de réponses physiologiques qui permettent une adaptation adéquate de l'organisme au stress. La réponse métabolique constitue un des éléments clé qui permet de maintenir les fonctions vitales et de promouvoir les mécanismes de guérison. Tous les composants de la dépense énergétique sont modifiés par l'agression. La régulation du métabolisme glucidique est fortement altérée. On observe une hyperglycémie basale et postprandiale, une résistance tissulaire à l'insuline, une stimulation de la production hépatique de glucose, une accélération de la glycolyse et des processus de néoglucogenèse. La lipolyse et l'oxydation des graisses sont stimulées chez le patient agressé non nourri. La cétogenèse est inhibée, ce qui altère l'adaptation au jeûne. Le turnover protéinique est accéléré avec une prépondérance du catabolisme protéique. Cette prééminence des processus cataboliques induit un état de résistance à la nutrition avec, pour conséquence, une érosion progressive de la masse maigre, même chez le patient nourri. La nutrition hypercalorique n'est pas capable de renverser l'hypercatabolisme du patient agressé, pas plus que l'administration de facteurs de croissance. L'apport de nutriments spécifiques (acides aminés, micro-nutriments, acides gras poly-insaturés, etc.) offre des perspectives intéressantes pour moduler l'immunité, le stress oxydatif et la régulation des processus inflammatoires.