Les inséminations intra-utérines (IIU) sont proposées dans diverses situations d’infertilité notamment d’origine masculine, cervicale ou inexpliquée. Elles sont communément précédées d’une stimulation ovarienne même en l’absence de troubles patents de l’ovulation. Cette pratique est fondée sur une analyse globale d'études comparatives qui tendent à conclure à un bénéfice de la stimulation ovarienne, en particulier dans les infertilités inexpliquées et masculines avec sperme peu altéré. Cependant, ces conclusions méritent d’être nuancées pour plusieurs raisons : méthodologie souvent imparfaite, analyse des données ne tenant pas compte du type d'infertilité, caractéristiques de la population étudiée peu mentionnées, complications peu détaillées. Une analyse plus précise des résultats en fonction du nombre de follicules matures obtenus montre notamment que, si un recrutement bifolliculaire permet de doubler en moyenne les taux de grossesses, il n’y a pas en revanche de bénéfice à déclencher l'ovulation de plus de trois follicules pré-ovulatoires. Au contraire, les stimulations agressives responsables d'un développement multifolliculaire entraînent des risques accrus d’hyperstimulation et de grossesses multiples. Ces conséquences sont souvent négligées et peu évaluées. Des études complémentaires, prospectives randomisées, sont par conséquent nécessaires pour définir une stratégie plus adaptée tenant compte du terrain et de l’indication afin d’optimiser les chances de grossesse sans prendre pour autant des risques inconsidérés. Lorsque l’indication est posée, on pourra proposer une stimulation ovarienne bifolliculaire sous monitoring strict et définir des critères d’annulation précis. En cas de fécondité du couple diminuée (infertilité > 3 ans, âge > 38 ans), l’intérêt d’une stimulation multifolliculaire doit être correctement évaluée et le nombre idéal de follicules reste à définir.