Judiciarisation des offenses à caractère sexuel sur mineurs au Cameroun.
Auteurs : Mbassa Menick D1○ Cette étude a pour objectif de vérifier comment les offenses sexuelles sont poursuivies en justice au Cameroun et de comparer la fréquence des agressions sexuelles dont témoigne l'activité des consultations hospitalières à celles des statistiques judiciaires. Il s'agit d'une étude rétrospective qui s'appuie sur les registres du tribunal de Grande Instance de Yaoundé sur la période allant du 1e octobre 1994 au 6 janvier 1999. Les résultats montrent que sur 2345 dossiers enregistrés, tous crimes confondus, 224 l'ont été pour offenses sexuelles sur mineurs âgés de moins de 16 ans soit 9,5 p. 100 des affaires. Les victimes, toutes des filles, avaient un âge variant entre 3 à 15 ans, avec une moyenne de 9 ans et un important pic de concentration entre 10 et 15 ans (70 p. 100). Les auteurs d'agressions sexuelles étaient exclusivement des majeurs âgés de plus de 21 ans et qui ne dépassaient pas l'âge de 50 ans au moment de l'action. La moyenne d'âge était de 30 ans. Cette étude montre que la fréquence des offenses sexuelles traitées en justice est supérieure à celle dont témoigne l'activité des consultations hospitalières. Les peines prononcées sont généralement très lourdes, supérieures ou égales à 15 ans d'emprisonnement. Aucune action de réconciliation ou de médiation n'a été engagée ni par le tribunal ni par un tiers.