Globulines antilymphocytaires à faibles doses en transplantation rénale: intérêt d'un protocole d'administration intermittente.
Auteurs : Mourad G1, Portales P, Garrigue V, Djamali A, Bouloux C, Chong G, Clot JBien que les globulines antilymphocytaires soient utilisées depuis plus de trente ans dans la prévention du rejet aigu en transplantation rénale, la durée du traitement et la dose optimale ne sont pas clairement définies. Nous avons comparé deux protocoles d'utilisation de la thymo-globuline (ATG-M) (lmtix-Sangstat Lyon, France) en prévention du rejet: groupe ATG quotidien (n = 32) où les patients recevaient 50 à 75 mg/jour d'ATG-M et groupe ATG intermittent (n = 24) où les patients recevaient 50 à 75 mg/j pendant trois jours, puis des perfusions intermittentes (une lorsque le taux de lymphocytes T CD3+, mesuré par cytométrie de flux, dépassait 10/mm3). Les deux groupes recevaient des stéroïdes, de l'azathioprine et de la ciclosporine. La déplétion lymphocytaire T induite par l'ATG-M était similaire dans les deux groupes: la lymphocytopénie était constatée dès J1 postopératoire; elle était maximale entre J3 et J8. Ensuite, après l'arrêt de l'ATG-M(11-12 jours) le taux des lymphocytes T commençait à augmenter mais les patients restaient lymphopéniques au 20e jour post-transplantation. La dose cumulée d'ATG-M (361 ± 105 vs 556 ± 119 mg/patient) et la dose quotidienne moyenne (0,60 ± 0,17 vs 0,80 ± 0,14 mg/kg/j) étaient significativement plus faibles dans le groupe ATG intermittent (p = 0,0001 et 0,0006). La durée moyenne de traitement était de 12 ± 3 vs 11 ±2,5 jours dans les groupes intermittent et quotidien respectivement. En moyenne, les patients recevaient une perfusion d'ATG-M/jour dans le groupe quotidien et une perfusion tous les 1, 6 jours dans le groupe intermittent (p = 7 x 10-7). Nous n'avons observé aucune différence en ce qui concerne le nombre de rejets aigus, la fonction rénale ou les effets secondaires de l'ATG-M. En ne prenant en compte que le coût du traitement par ATG-M, le protocole intermittent permet de réaliser une économie de l'ordre de 5500 F/patient. L'administration de faibles doses d'ATG-M, adaptées en fonction du nombre de lymphocytes T circulants, nous semble donc une méthode efficace et avantageuse en transplantation rénale. Ce protocole pourrait être particulièrement indiqué en cas de retard de fonction car chez ces patients, l'introduction précoce de la ciclosporine n'est pas souhaitée afin de ne pas aggraver et/ou prolonger l'insuffisance rénale post-transplantation.