Mis à part le récit de la toxicomanie, la mémoire autobiographique des toxicomanes apparaît souvent appauvrie. Cet appauvrissement est parfois attribué à une action toxique ou à un trouble de l'humeur. Notre but était d'évaluer la mémoire autobiographique, l'humeur dans une population de toxicomanes sévères candidats ou non à une substitution. Vingt-et-un héroinomanes ont été évalués à l'entrée dont 10 sont réévalués deux mois après. Les instruments utilisés sont le questionnaire autobiographique de Kopelman, un test de fluence verbale, la MADRS et la CES-D. Les résultats montrent que, chez le toxicomane, la mémoire autobiographique épisodique est significativement réduite ; les souvenirs sémantiques affectifs, les modalisations neutres sont significativement plus importants. Certains résultats sont influencés par le niveau de scolarisation. Les explications possibles sont les produits toxiques et un fonctionnement psychique particulier. L'absence de corrélation entre mémoire autobiographique et troubles de l'humeur est en faveur d'une participation des produits toxiques dans la genèse des troubles mnésiques. L'amélioration du trouble de l'humeur en deux mois pendant la prise en charge est en faveur du caractère transitoire de la dépression et se produit en l'absence de traitement psychotrope.