Infections postopératoires après chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle.
Auteurs : Mazzucotelli JP1, Benkelfat C, Saal JP, Pouillart F, Mazri F, Barillà A, Le Houérou D, Perron D, Palsky E, Romano ML'infection postopératoire constitue encore aujourd'hui une cause importante de mortalité et de morbidité en chirurgie cardiaque. Le but de ce travail a été d'en déterminer l'incidence et les causes afin d'optimiser les pratiques de soins. De Janvier 1996 à décembre 1997, 1 000 patients consécutifs (253 femmes, 747 hommes) ont été opérés d'une pathologie cardiaque ou aortique sous circulation extracorporelle. La moyenne d'âge était de 66 ± 11 ans. La pathologie initiale était une coronaropathie (n = 663). une valvulopathie (n = 193). les 2 associées (n = 94), une pathologie de l'aorte thoracique (n = 38) ou une autre pathologie (n = 12). Le taux global d'infections postopératoires a été de 4.9 % (n = 49). Le taux d'infection sternale et/ou médiastinale a été de 0.7 %. pour les bronchopneumopathies de 0,9 %, pour les infections urinaires de 2,1%, pour les septicémies de 1,7 %. Neuf patients sont décédés des suites d'une infection. La durée du séjour hospitalier était significativement plus longue pour les patients infectés quel qu'ait été le site de l'infection. L'analyse statistique sur l'ensemble de la population a montré l'absence de facteur prédictif en rapport avec l'état clinique préopératoire du patient. Le seul facteur prédictif mis en évidence a été le jour d'intervention. En effet, le taux d'infection chez les patients opérés dans les 4 premiers jours de la semaine a été de 2,2 % contre 7,3% pour les patients opérés les 3 derniers jours (p = 0,004. odds ratio = 3,57). Dans le groupe de patients ayant contracté une infection urinaire, les 2 facteurs de risque identifiés ont été le sexe féminin (p = 0,006, odds ratio = 3,34) et une intervention réalisée en fin de semaine (p = 0,017, odds ratio = 3,77). Pour les infections sternales et médiastinales, le seul facteur prédictif a été la chirurgie combinée valvulaire et coronaire (p = 0,009, odds ratio = 7,43). Pour les infections pulmonaires, le facteur prédictif identifié a été un infarctus myocardique préopératoire récent datant de moins d'un mois (p = 0,004, odds ratio = 7,5). Enfin, aucun facteur prédictif n'a été mis en évidence pour l'ensemble des patients ayant présenté une septicémie. En conclusion, ce travail montre que l'infection postopératoire en chirurgie cardiaque reste une complication grave. La prévention de ces complications doit constituer une priorité en matière de qualité des soins.