Hémodialyse et strongyloïdose: une cause présumée d'hyperéosinophilie peut en cacher une autre.
Auteurs : Saïd S1, Nevez G, Morinière P, Fournier A, Raccurt CPLes auteurs rapportent un cas de strongyloïdose récidivante chez un ancien parachutiste en Indochine, associée à une insuffisance rénale inaugurale de type interstitielle aiguë corticorésistante nécessitant la mise définitive en hémodialyse. Malgré un traitement antiparasitaire, une récidive accompagnée de troubles digestifs et pulmonaires est survenue dix ans plus tard dans un contexte d'hyperéosinophilie chronique. Cette observation souligne que chez le dialysé, une éosinophilie doit toujours faire rechercher une étiologie parasitaire avant que ne soit évoquée l'allergie au matériel de dialyse. La strongyloïdose est une parasitose auto-entretenue dont l'aire de distribution dépasse largement la zone intertropicale. Elle peut rester complètement asymptomatique, s'exprimer tardivement sur un mode digestif, être responsable de bouffées bactériémiques avec greffes septiques viscérales. Elle entraîne une hyperéosinophilie chronique oscillante. Le diagnostic repose sur la recherche répétitive de larves de Strongyloides stercoralis dans les selles. En cas d'hyperéosinophilie inexpliquée chez un dialysé candidat à la transplantation, un traitement systématique par thiabendazole (50 mg/kg) ou ivermectine (0,2 mg/kg) en dose unique peut se discuter pour prévenir le risque de strongyloïdose disséminée sous immunosuppresseurs.