Hantavirus et pathologie pulmonaire.
Auteurs : Le Guenno B1La reconnaissance en 1993 aux Etats-Unis d'un syndrome pulmonaire dû à un virus encore inconnu appartenant au genre hantavirus a mis ces agents sous les feux de l'actualité médicale. Contrairement à ce qui s'écrit partout, il ne s'agit ni de « nouveaux » virus, ni de « maladies émergentes ». Les hantavirus ont pour hôtes naturels depuis des millions d'années des rongeurs muridés appartenant à trois sous-familles. La classification phylogénétique de ces virus se superpose à celle de leurs hôtes, ce qui prouve une adaptation étroite. Il ne peut donc y avoir à court terme apparition des sérotypes américains en Eurasie. Certains sont responsables de maladies néphrologiques de gravité variable regroupées sous le nom de fièvre hémorragique avec syndrome rénal en Eurasie. D'autres sont la cause de syndrome de détresse respiratoire aiguë sur tout le continent américain. La majorité des cas sont des adultes et le sex-ratio est toujours en faveur des hommes par suite du risque lié aux activités professionnelles car la contamination se fait par voie aérienne à partir des déjections des rongeurs. Il n'y a pas de contamination inter-humaine. Le nombre de cas est de quelques dizaines par an sur le continent américain et quelques centaines en Europe. Seule la Chine est suffisamment touchée depuis des centaines d'année pour que l'importance de la maladie ait amené l'expérimentation de vaccins. Les hantavirus sont difficiles à isoler et le diagnostic chez l'Homme est sérologique. L'amélioration de ce diagnostic permet actuellement de mieux apprécier le rôle de ces virus en santé publique. En France, a eu lieu en 1996 une épidémie de 230 cas et 808 cas ont été répertoriés depuis 1977. La majorité des cas provient du quart Nord-Est ; ils apparaissent groupés en foyers.