Les auteurs ont cherché à déterminer la prévalence des abus sexuels et à dégager leurs caractéristiques socio-démographiques en milieu africain. L'étude, de type rétrospectif, a été conduite à partir des dossiers et registres de consultation disponibles au Centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI Centrale) de Yaoundé au Cameroun. Elle a porté sur 5082 dossiers d'enfants vus en consultation durant la période allant du 1^e août 1992 au 31 juillet 1997. Un échantillon de 104 enfants des deux sexes ayant subi un abus sexuel a été identifié. Il en ressort que la fréquence des abus sexuels dans la population étudiée est de 2,05 %. Les filles étaient les plus impliquées avec 95,2 % de l'échantillon contre 4,8 % de garçons. Les abus sexuels concernaient le plus souvent les enfants en période prépubertaire (41,4 %) et pubertaire (20,2 %). Ils étaient cependant non négligeables avant l'âge de 10 ans (29,8 %) et ne concernaient alors que les filles. Les abus sexuels perpétrés par les femmes existaient mais étaient rares (7,8 %). Le viol était le mode d'agression le plus fréquent (97,1 %). Dans un quart des cas, l'agresseur était d'origine intrafamiliale. Cette étude met en lumière l'existence et la fréquence des abus sexuels dans un milieu africain et lève le tabou sur la Toute Puissance Phallocratique des pères et des oncles sur les fillettes en particulier et les femmes en général. Elle souligne une nouvelle fois le fait qu'en Afrique le statut de la femme la confronte particulièrement au traumatisme.