Recherche-Action sur la prise en charge médico-sociale des femmes enceintes sans couverture sociale.
Auteurs : Lejeune C1, Fontaine A, Crenn-Hebert C, Paolotti V, Foureau V, Lebert AIntroduction. L'incidence de la pathologie périnatale augmente chez les femmes en situation sociale précaire, notamment en l'absence de couverture sociale, et/ou en cas de suivi médiocre de la grossesse. Les objectifs de ce travail ont été de mesurer la fréquence de ces phénomènes, d'analyser les situations sociales en cause, d'identifier les possibilités de résoudre les problèmes de financement des soins et de dégager les conséquences de l'absence de couverture sociale sur le suivi et l'issue de la grossesse. Matériel et méthodes. Toutes les femmes enceintes dépourvues de couverture sociale ont été incluses pendant un an. Celles qui ont accouché d'un enfant vivant ont été comparées à un groupe témoin de femmes ayant une couverture sociale et qui ont accouché d'un enfant vivant jusqu'au dernier accouchement des femmes incluses. L'analyse a eu pour but de dégager les caractéristiques des femmes sans couverture sociale et les facteurs liés à un mauvais suivi de la grossesse, au déroulement de l'accouchement, et à la survenue d'une pathologie néonatale. Résultats. Au total, 259 femmes sans couverture sociale ont été incluses, dont 201 étrangères (78 %), dont la majorité résidait en France depuis plus d'un an ; 205 ont été suivies et ont accouché à Louis Mourier, dont 192 naissances vivantes. Le contexte social des femmes françaises sans couverture sociale était plus souvent précaire que celui des femmes étrangères. Une couverture sociale a été obtenue dans 85 % des cas (173/205). Globalement, l'absence de couverture sociale majore les risques de suivi prénatal insuffisant. L'association d'une absence de couverture sociale et d'un mauvais suivi favorise la survenue d'un retard de croissance intra-utérin. L'incidence des accouchements post-termes est significativement plus importante chez les femmes mal suivies. Conclusion. L'amélioration du suivi prénatal et l'obtention d'une couverture sociale pourraient diminuer la morbidité périnatale, tout particulièrement dans le contexte actuel d'augmentation du nombre de femmes en situation précaire. Il semble capital que les maternités publiques acceptent de prendre en charge toutes les femmes enceintes relevant de leur circonscription et se dotent d'un service social suffisamment performant pour assurer un travail efficace en réseau avec les structures extrahospitalières.