Description : La sexualité est omniprésente dans nos vies. Si elle a longtemps été tabou, condamnée
par la morale religieuse, force est de constater que la société n’a jamais été aussi
sexualisée qu’aujourd’hui. Alors qu’elle inonde l’art et les nouveaux médias, alors
qu’elle se vend à travers divers objets sexuels et supports pornographiques, elle
fait également l’objet de scandales brûlants de harcèlement et de violences. Dans
le champ de la santé sexuelle, la situation est marquée par une progression des IST
et d’importantes inégalités d’accès à la contraception. Les associations militent
pour mobiliser les pouvoirs publics afin d’investir dans des moyens de lutte efficaces,
au coeur desquels l’application d’une éducation sexuelle performante, complète, dès
le plus jeune âge. Alors que cet enseignement est obligatoire en France depuis 2001,
les rares enquêtes disponibles font état d’une application très inégale sur le territoire
et d’un contenu inadapté aux réalités des jeunes. L’étude des comportements est un
prérequis à toute éducation sexuelle et le Haut Conseil de l’Egalité Femmes-Hommes
recommandait la réalisation d’une vaste enquête à cet effet en 2016. A ce jour, ce
travail n’a pas été réalisé. Nous avons mené une enquête par auto-questionnaire auprès
des étudiants de l’université de Strasbourg, entre décembre 2020 et mars 2021. L’objectif
principal était de réaliser une évaluation descriptive de la vie sexuelle des étudiants,
d’étudier les pratiques, les moyens d’information et d’éducation sexuelle et les antécédents
de violences. À partir des 7431 réponses, nous avons pu dresser un état des lieux
relativement complet de la sexualité en 2021. Il a été mis en évidence le poids du
genre et de l’orientation sexuelle toujours important dans les comportements sexuels
et amoureux, mais également dans la prise en charge de la santé sexuelle. A ce propos,
on note toujours une forte proportion d’étudiants ayant des comportements à risque
et un faible sentiment de partage de la charge de la contraception pour les femmes.
On constate qu’une large part des étudiants a bénéficié d’au moins une séance d’éducation
sexuelle dans sa scolarité mais que celle-ci n’était pas efficace et que le recours
aux médias en ligne est important. Il existait des liens significatifs entre le fait
de se sentir bien informé et la consommation de médias d’éducation sexuelle en ligne.
Enfin, on constatait d’inquiétants chiffres de violences sexuelles et la réalité de
rapports sexuels pas systématiquement pleinement consentis, fréquemment cédés. Au
total, notre travail constitue une mise à jour et un complément sérieux des données
existantes sur la vie sexuelle des étudiants, qu’il conviendrait d’approfondir et
de compléter dans l’objectif d’éclairer la prise de décision des différentes institutions
et l’élaboration de stratégies à venir dans le domaine de la santé sexuelle;