Description : Les données des décès sous écrou transmises par l’administration pénitentiaire ont
été appariées à celles des certificats de décès de la base nationale de mortalité
du CépiDc-Inserm afin d’étudier les pathologies associées aux suicides et autres décès
survenus en milieu carcéral. Entre 2000 et 2010, 2 613 décès sous écrou ont été rapportés
par l’administration pénitentiaire. L’appariement a permis d’identifier 2 541 individus
(97,2 %) dans la base nationale de mortalité. L’administration pénitentiaire a enregistré
1 219 suicides tandis que 1 043 suicides ont été déclarés dans les certificats de
décès. Le suicide était noté pour 982 décès dans les deux sources. De plus, pour 182
suicides identifiés par l’administration pénitentiaire, aucune cause de décès n’était
notée dans le certificat de décès correspondant. À partir de ces deux sources, l’estimation
du nombre de suicides sous écrou entre 2000 et 2010 serait entre 1 258 et 1 295. Une
surmortalité par suicide sous écrou a été retrouvée (SMR de 7,3 chez les hommes et
supérieur à 20 chez les femmes) tandis que la mortalité par « causes naturelles »,
à l’exception du sida, était moins importante chez les personnes écrouées que dans
l’ensemble de la population française. Dans plus de la moitié des certificats de décès
des personnes décédées par suicide sous écrou, aucune pathologie somatique ni psychiatrique
n’a été mentionnée, les pathologies psychiatriques, mentionnées dans seulement 15,5
% des cas, étaient vraisemblablement sous-déclarées. La mise en place d’une surveillance
épidémiologique des suicides en détention nécessiterait un retour aux dossiers médicaux
ou une interrogation des unités sanitaires en charge de la personne détenue décédée,
ainsi qu’une amélioration de transmission des informations par les instituts médico-légaux
vers le CépiDc-Inserm.;